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Comment favoriser le processus d'adaptation d'un chien adopté ? Comment favoriser le processus d'adaptation d'un chien adopté ?

Gabriella Tami Doctorat en Médecine vétérinaire et Master en Éthologie
Publication: 02/06/23
Comment favoriser le processus d'adaptation d'un chien adopté ?

Vous envisagez d'adopter un chien et vous vous demandez ce que vous devez faire pour qu'il se sente à l'aise dans sa nouvelle maison ? Ne vous inquiétez pas, nous allons partager avec vous quelques conseils utiles et pratiques pour favoriser le processus d'adaptation du nouveau membre de la famille et qu'il se sente finalement chez lui.

Renseignez-vous sur le nouveau membre de votre famille

Si le chien vivait auparavant avec une autre personne, demandez-lui des informations sur son comportement, ses horaires, ses habitudes, ses préférences, son alimentation habituelle et même sur le "vocabulaire" de gestes et de mots que le chien connaît déjà. Ces informations peuvent être un bon point de départ pour votre relation et pour favoriser son adaptation progressive à sa nouvelle réalité. Si le chien vient d'un refuge ou d'une association de protection des animaux, le personnel du centre qui s'en est occupé peut vous fournir de précieuses informations telles que son histoire, son tempérament, son état de santé, ... Mais gardez à l'esprit que l'environnement influence beaucoup le comportement, et une fois à la maison, vous pourriez découvrir des aspects de lui que vous ne connaissiez pas au refuge1

Ayez des attentes réalistes

Vivre avec un chien peut être une expérience merveilleuse à bien des égards, mais cela implique également des responsabilités et des tâches qui doivent être claires dès le départ2. Adopter un chien signifie répondre à ses besoins physiques et émotionnels, le maintenir dans des conditions d'hygiène appropriées, prendre soin de sa santé et de son éducation, en bref, s'engager pour son bien-être. Avoir les attentes appropriées est essentiel pour permettre une adoption gratifiante3,4

Préparez son kit de bienvenue

Pour commencer, vous aurez besoin d'une gamelle, d'un abreuvoir, d'un ou plusieurs lits, d'un collier ou d'un harnais, de laisse, de jouets pour s'occuper seul et pour jouer avec vous, de sacs pour ses besoins, de nourriture et de friandises. De plus, au fur et à mesure que vous découvrirez sa personnalité, vous vous rendrez compte de ce dont il a besoin pour être bien.

Préparez la maison pour son arrivée

Regardez votre maison avec un regard "critique" et évitez de laisser à sa portée des objets potentiellement dangereux. Cela est fondamental lorsque vous adoptez un chiot, mais avec un chien adulte que vous ne connaissez pas, il est également préférable de vous assurer que l'espace est sûr avant de lui donner plus de liberté. Les plantes toxiques, les aliments interdits, les déchets, les produits de nettoyage, les câbles électriques sont autant d'exemples d'éléments qui devraient être hors de sa portée. Il en va de même pour les objets particulièrement fragiles ou auxquels vous tenez particulièrement et que vous ne voudriez pas voir détruits par le nouveau venu, que ce soit parce qu'il les a utilisés comme jouets, qu’il a jetés par terre en étant effrayé ou qu'il s'est approché en courant pour vous saluer. Si quelque chose ne peut pas être rangé en toute sécurité ou temporairement retiré de l'environnement, il vaut la peine d'installer une sorte de barrière empêchant le chien d'accéder aux endroits où vous rangez les objets "précieux". 

De plus, au début, limiter son accès à certaines pièces de la maison au lieu de lui donner un accès libre partout peut être utile, surtout dans les grandes maisons, pour favoriser une adaptation progressive à la nouvelle demeure.

C'est aussi un bon moment pour décider si vous ne voulez jamais lui donner accès à certaines parties de la maison, par exemple, la cuisine ou une pièce spécifique. Il vaut mieux planifier dès le départ comment le maintenir à l'écart de la pièce en question plutôt que d'improviser au fur et à mesure.

Prenez votre temps pendant qu'il s'adapte à sa nouvelle réalité

Au cours des prochaines semaines et mois, vous établirez les bases de votre relation et pendant que vous le connaissez mieux, il apprend aussi à vous connaître et à connaître sa nouvelle réalité. À cette étape, essayez de le protéger des situations stressantes en lui fournissant des espaces pour se détendre, comme des promenades et des jeux, à la fois seuls et en votre compagnie. Ce plan est important en général, mais il revêt une importance particulière les premiers jours, où une attitude plus optimiste peut l'aider à se concentrer sur le côté positif des choses, favorisant ainsi son adaptation.

L'idée d'y aller lentement, s'applique également à vos interactions avec lui et avec les autres membres de la famille. Même si vous aimeriez établir rapidement un lien, ne soyez pas pressé et laissez-le prendre l'initiative de l'interaction. Par exemple, au lieu d'aller directement vers lui, appelez-le depuis une courte distance et laissez-le venir à vous, ou au lieu de le toucher directement, offrez-lui votre disponibilité au contact : s'il ne semble pas intéressé, respectez sa décision ; s'il se montre réceptif, caressez-le brièvement puis reculez légèrement pour confirmer qu'il souhaite toujours être en contact avec vous.


En résumé, soyez patient
tout en l'exposant
progressivement et
positivement à
différentes situations,
sans précipiter les choses
et en lui laissant la
possibilité de dire "Non".

Planifiez les présentations avec les "petits" de la maison

Si d'autres chiens et chats font partie de la famille, planifiez soigneusement les présentations et mettez en œuvre le plan de manière progressive. Les premières impressions comptent et il est important que tous les protagonistes se sentent en sécurité et gardent un bon souvenir. Éliminez donc les éléments de compétition ou de conflit et surveillez de près les interactions.
 
L'idée de faire des présentations graduelles s'applique également aux enfants de la famille : cela permet de voir si le chien et l'enfant sont tous les deux détendus et adoptent un comportement approprié. Dans tous les cas, il ne faut pas baisser la garde et il est essentiel de maintenir une surveillance constante.

Effectuez une adaptation graduelle à sa nouvelle alimentation

Si vous envisagez de changer son régime alimentaire, veillez à le faire progressivement, en effectuant la transition sur une période de 1 à 2 semaines. Pendant ces jours, mélangez les deux aliments, en augmentant progressivement la quantité de la nouvelle nourriture et en réduisant la quantité de l'ancienne au fur et à mesure des jours. 

Une transition progressive réduit le risque de troubles gastro-intestinaux chez le chien. De plus, ne vous précipitez pas pour effectuer des changements dans son alimentation : le stress lié au changement de vie peut temporairement lui faire perdre l'appétit5, et s'il rejette la nouvelle alimentation, vous ne saurez pas s'il s'agit du stress ou s'il ne l'aime tout simplement pas.

Soyez patient et ayez des idées claires dès le départ

Établissez dès le départ une routine pour les repas, les sorties et les activités. Cela est particulièrement important car, à ce stade, l'organisation et la préparation de l'environnement peuvent faciliter son adaptation. À mesure qu'il s'adapte à sa nouvelle routine, vous verrez comment il commence à connaître l'heure des repas ou des promenades.
 
Il est également important d'avoir une vision claire dès le départ du comportement que vous attendez de lui, mais soyez patient : il a un passé et ce qu'il a appris jusqu'à présent peut être en "conflit" avec vos règles. Apprenez-lui en douceur quel est le comportement approprié, en récompensant ses efforts. Évitez les punitions physiques ou verbales en tant qu'outil d'éducation : recourir à des stimuli qu'il n'aime pas pour obtenir un bon comportement ne signifie pas obtenir un chien mieux éduqué et cela comporte également des risques6. En fait, cela peut être totalement contre-productif lorsque votre objectif est de renforcer la confiance du chien envers vous. De plus, l'anxiété que cela génère pourrait même provoquer certains comportements problématiques6

Utiliser des friandises, des jeux, des félicitations verbales ou des caresses pour l'éduquer (selon les préférences du chien et l'objectif de l'entraînement) est la meilleure façon de construire un lien basé sur la confiance. Rappelez-vous que l'éducation d'un chien ne consiste pas seulement à obtenir un chien qui sait se comporter, mais c'est aussi un moyen de lui fournir une stimulation physique et mentale, de renforcer sa confiance, de renforcer votre lien et d'améliorer votre communication.

Trouvez des professionnels de confiance qui peuvent vous aider

Gardez à l'esprit que parfois, le stress lié à l'adoption peut entraîner des problèmes de santé1. De plus, recevoir des conseils sur le comportement et consacrer du temps à l'éducation du chien peut faire toute la différence lorsque vous souhaitez établir une bonne coexistence7,8. Donc, le fait d'avoir déjà repéré une équipe vétérinaire, un éthologue, un éducateur canin et même un toiletteur canin vous évite le stress de les chercher "à la hâte", si nécessaire.
 
En ce qui concerne le comportement, il est recommandé de rechercher de l'aide même sans attendre l'apparition de problèmes. En fait, vous pouvez demander des conseils même lorsque vous êtes encore en phase d'évaluation de l'option d'adoption, surtout s'il y a des enfants dans la famille ou si d'autres chiens et chats vivent déjà à la maison. Un autre bon moment pour demander l'aide d'un professionnel est lorsque vous avez déjà votre nouveau compagnon et qu'il est en pleine adaptation. Parce que vous aurez certainement des doutes, et avant de demander des opinions au parc ou de chercher sur Internet, il est préférable de consulter un expert qui peut vous donner une réponse personnalisée.


 Peut-on changer son nom?

Bien sûr que oui. L'important est de le faire correctement.

Si le chien a déjà un nom et répond rapidement, vous pouvez l'utiliser pour accélérer le processus. Dans ce cas, l'exercice consiste à dire le nouveau nom que vous avez choisi, suivi de son ancien nom, puis de le récompenser au moment précis où le chien vous prête attention. En répétant la même séquence plusieurs fois, il viendra un moment où le chien anticipera et vous regardera dès qu'il entendra son nouveau nom.

Parfois, il arrive que même si votre nouveau chien a un nom, il ne le reconnaît pas. Dans ce cas, il faut recommencer à zéro, en prononçant son nouveau nom de manière "attrayante", par exemple avec une intonation montante dans la voix, ou en faisant un bruit pour attirer son attention après l'avoir appelé. Le moment où le chien tourne la tête vers vous est le moment de le féliciter et/ou de lui donner une friandise pour célébrer l'instant.

Bien sûr, tous ces exercices nécessitent un environnement sans distractions au début, et ce n'est que lorsque son nom est devenu quelque chose de spécial pour votre chien que vous pouvez continuer à pratiquer dans des endroits plus "complexes".


Accordez du temps pour le connaître et profitez du processus

Découvrez quels sont ses jouets préférés, s'il préfère la plage, la montagne ou s'il s'en fiche tant qu'il est avec vous, découvrez s'il aime jouer avec d'autres chiens, etc. Chacun est différent, et ce n'est qu'en faisant de petits tests que vous découvrirez ce qu'il aime. De plus, tandis que vous essayez de le connaître, il pourrait lui-même découvrir de nouvelles activités qu'il n'avait pas explorées jusqu'à présent, et cela vaut également pour vous.

Adopter un chien peut être une expérience unique, à la fois pour vous et pour lui. Ayez de la patience et créez un environnement sécuritaire du point de vue physique et social, où il peut satisfaire ses besoins et vivre des expériences agréables. Cela sera essentiel pour améliorer son "bon humeur" et poser les bases d'une relation satisfaisante. Alors, au travail !

Bibliographie consultée :

1. Reider, L. M. (2015). Adopter support: Using postadoption programs to maximize adoption success. Animal behavior for shelter veterinarians and staff, 292-357.
2. Diesel, G., Pfeiffer, D. U., & Brodbelt, D. (2008). Factors affecting the success of rehoming dogs in the UK during 2005. Preventive veterinary medicine, 84(3-4), 228-241.
3. Scott, S., Jong, E., McArthur, M., & Hazel, S. J. (2018). Follow-up surveys of people who have adopted dogs and cats from an Australian shelter. Applied Animal Behaviour Science, 201, 40-45.
4. Kidd, A. H., Kidd, R. M., & George, C. C. (1992). Successful and unsuccessful pet adoptions. Psychological Reports, 70(2), 547-561.
5. Chanvin, A., Chastant-Maillard, S., Deputte, B., Thoumire, S., Halter, S., Bedossa, T., Belkir, S., & Reynaud, K. (2013). Long-term follow-up of adaptiveness of laboratory beagles adopted as home pets. En 12. Felasa Secal congress (Vol. 52, p. 385). American Association for Laboratory Animal Science.
6. Hiby, E. F., Rooney, N. J., & Bradshaw, J. W. S. (2004). Dog training methods: their use, effectiveness and interaction with behaviour and welfare. Animal welfare, 13(1), 63-69.
7. Patronek, G. J., Glickman, L. T., Beck, A. M., McCabe, G. P., & Ecker, C. (1996). Risk factors for relinquishment of dogs to an animal shelter. Journal of the American Veterinary Medical Association, 209, 572–581.
8. Marston, L. C., Bennett, P. C., & Coleman, G. J. (2004). What happens to shelter dogs? An analysis of data for 1 year from three Australian shelters. Journal of Applied Animal Welfare Science, 7(1), 27-47.

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