Dans notre société contemporaine et occidentale, le jeu de cartes des 7 familles est largement redistribué, et les animaux de compagnie en font désormais clairement partie. Dans un sondage réalisé en 2023 auprès de propriétaires de chiens et de chats, 91% d’entre eux déclarent que leur animal est un membre de la famille à part entière. Un score sans appel1.
Ce qui bouscule d’ailleurs le vocabulaire jusqu’alors usité : « propriétaire » ou « maître / maîtresse » ne retranscrivent pas cette nouvelle place que les animaux ont dans nos vies. Le mot anglais « pet-parent » est sûrement celui qui véhicule le plus l’attachement que l’on peut avoir pour son animal, et qui devrait également sous-entendre la responsabilité qui en découle.
Cherchant à toujours mieux comprendre et accompagner les pet-parents, Ultima a mené une nouvelle enquête en ligne, courant mars 2024, auprès de 1005 Français possesseurs de chiens ou de chats2. Il est tout d’abord assez touchant de constater qu’avoir un chien ou un chat s’inscrit souvent dans une histoire familiale : 44% des Français qui ont noué un lien indéfectible avec eux depuis leur plus tendre enfance ne conçoivent pas leur vie sans un compagnon à quatre pattes.
À la question « Quelle est la place occupée par votre chien / votre chat au sein de votre foyer ? », ils sont 21% à répondre qu’ils le considèrent comme un enfant, allant ainsi encore plus loin que la notion de « membre de la famille à part entière », classiquement entendue. Et ce, que les répondants aient ou non des enfants.
Evidemment, il ne s’agit pas là de faire l’amalgame entre un enfant et un chien / un chat, mais de mettre en lumière la force du lien d’attachement que l’on peut développer avec un animal. D’ailleurs, nos animaux, au même titre que nos enfants, sont des êtres sensibles et vulnérables, donc il n’y a rien d’étonnant que l’on puisse nourrir un sentiment de parentalité à leur égard.
Cette aptitude (et non cette faiblesse ou cette déviance) et l’émergence de la pet-parentalité s’expliqueraient par la nature même de l’être humain.
C’est un propos soutenu par l’anthropologue américaine Shelly Volsche, qui étudie depuis longtemps les relations homme-animal. Elle s’appuie sur une théorie évolutionniste qui voit les humains comme des reproducteurs coopératifs. Ainsi, à la différence des grands singes chez qui la génitrice fait tout le boulot, chez nous prendre soin d’un petit peut être réparti entre les différents membres d’un groupe (grands-parents, fratrie, oncles, tantes…), ce qui s’appelle, scientifiquement l’alloparentalité. Donc dans notre ADN est inscrite cette faculté d’endosser le rôle de parent pour un enfant qui n’est pas le nôtre, faculté qui a fait partie de l’évolution de l’espèce humaine.
Or aujourd’hui, notre environnement rend le fait d’avoir des enfants plus difficile ou moins attrayant pour certains (peur du futur, contexte géopolitique et écologique), mais surtout, on se pose la question d’en avoir ou pas (ce qui n’était pas le cas avant) et on peut choisir d’en avoir ou pas. À ce propos, un récent sondage en France a révélé que 30% des femmes en âge de procréer et pas encore maman, ne souhaitent pas le devenir et on assiste dans de nombreux pays développés à une baisse de la natalité (France, Espagne, Italie, Japon …). Pourtant « prendre soin de » est un besoin nourricier qui fait partie de nous, êtres humains, alors il est somme toute assez logique que l’on exprime un sentiment de parentalité envers les autres espèces qui entrent dans notre foyer. De quoi rassurer les nombreux pet-parents en France : il n’est pas anormal d’octroyer une place de choix au sein de la famille à notre chien ou à notre chat. Les prises de parole, les partages d’expériences et d’aventures des pet-parents dans les médias ou sur les réseaux sociaux aident aussi sûrement les autres à s’affirmer car d’après le sondage, ils sont 93% à assumer complètement la place qu’ils donnent à leur animal dans la famille2. Ce n’est donc plus un tabou.
Cependant, il semblerait qu’il y ait un décalage important entre la façon dont les Français considèrent leurs animaux à titre individuel et la façon dont la société en tient compte. En effet, 43% des répondants trouvent que la place des animaux n’est pas encore suffisamment valorisée dans la société2. À la fois car d’un point de vue politique, la cause animale n’est pas assez prise en compte (pour 31% des sondés), mais aussi, à l’échelle individuelle, il semblerait que certains pet-parents font face à des difficultés puisque 27% déplorent le fait qu’il ne soit pas possible d’emmener nos animaux partout. Il est vrai qu’il existe des pays plus tolérants : en Italie par exemple, il y a la possibilité de faire ses courses dans les supermarchés avec son chien installé dans le caddie. Ce serait une belle avancée en France et cela simplifierait le quotidien de beaucoup de pet-parents.
À la lumière de tous ces résultats, on ne peut que se réjouir de la place qu’occupent désormais les animaux dans le cœur des Français. En revanche, le phénomène de pet-parentalité ne doit pas être guidé uniquement par le prisme des sentiments. Car à trop aimer, on peut mal aimer. Être pet-parent, c’est aussi être responsable du bien-être quotidien de son animal. Cela passe par une bonne connaissance de ce qu’est un chien ou un chat et de tout ce dont il a besoin pour être heureux et en bonne santé : du temps, de l’attention, des soins, à commencer par une bonne alimentation, une confiance en son pet-parent et la possibilité d’exprimer les besoins comportementaux propres à ce qu’il est, un chien ou un chat, et ce qu’il ne sera jamais : un humain.
1. Sondage exclusif Opinion Way pour Ultima, 2023.
2. Étude YouGov pour Ultima, mars 2024.